Son ancienne médina est la plus vaste du monde arabe et vous vous demandez sans doute quoi visiter à Fès. Débuter par la place Seffarine vous offrira une plongée directe au cœur du monde artisanal du Maroc, qui fait encore et toujours la réputation de la ville, et notamment le travail du cuivre et de l’étain, réalisé par les maîtres artisans dinandiers.

La gravure sur métal, inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco

À la fois atelier à ciel ouvert et vitrine de l’excellence de l’artisanat marocain, la place Seffarine miroite des milliers d’objets précieux créés par les mains expertes de maalems (maîtres-artisans) héritiers d’un savoir-faire ancestral.

Parmi les techniques les plus délicates, la gravure sur métal est inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis 2023, et c’est l’une des plus utilisées pour décorer plateaux, théières, cafetières, boîtes, lampes et autres objets pour la maison.

Au cœur historique de la médina de Fès

Située un peu au-dessus de Bab Rcif, la petite place Seffarine est immédiatement reconnaissable avec son arbre immense et son concert de marteaux travaillant le métal. Elle tient son nom de la couleur des métaux que travaillent les artisans (de « sfra » : jaune, en arabe), et reste depuis des siècles un centre de production renommé de la dinanderie, l’un des plus anciens métiers de la ville.

Véritable cœur historique de la ville de Fès, elle abrite également la célèbre Université Al-Quaraouiyine, dont la bibliothèque est considérée comme la plus ancienne du monde avec ses anciens manuscrits de théologie, de grammaire, de droit et d’astronomie.

C’est à une femme, Fatima Al-Fihri, fille d’un riche marchand tunisien ayant émigré au Maroc, que l’on doit sa création en 859 à Fès.

Le travail du cuivre : un artisanat fragilisé

Sur la place Seffarine, vous pourrez contempler parfois plus de restauration d’objets que de fabrication pure, une grosse partie des artisans travaillant le cuivre et l’étain étant aujourd’hui localisés sur la place Lalla Yeddouna, plus vaste, ou encore dans le centre artisanal Aïn Noqbi, un peu à l’extérieur de la ville. Toutefois, tous sauront vous parler avec plaisir de leur métier, de la symbolique des motifs ornementaux et vous conseiller sur le choix et l’entretien de leurs créations.

Que votre goût vous porte vers les objets en cuivre presque orangé, en laiton de teinte dorée, ou encore sur les créations en maillechort, un alliage inaltérable de cuivre, de zinc et de nickel qui imite l’argent, n’hésitez pas à rapporter un souvenir de la place Seffarine.

Votre achat contribuera à conserver vivant cet artisanat à l’origine de véritables chefs-d’œuvre et aujourd’hui très fragilisé. L’augmentation du coût de la matière première, le manque d’intérêt des jeunes pour les métiers manuels et l’arrivée sur le marché de producteurs d’articles de mauvaise qualité mettent en effet en péril un savoir-faire unique et cher au cœur de Fès.

Petit lexique français–darija autour de la dinanderie